18 juin 2025
Écran d’ordinateur affichant un montage de trois images.   En haut, il y a une maquette blanche de la Basilique de Fourvière à Lyon posée sur le magazine touristique “À la Lyonnaise”. À l’arrière-plan, on voit un groupe de personnes assises.  Au centre, il y a une brochure verte intitulée « Inclusif » posée sur une table, devant une table sur laquelle est disposée une frise colorée avec des textes et des icônes, le jeu porte sur l’accessibilité du numérique.  En bas, une photo d’une rue piétonne pavée.
Cerema
La 12e session des ateliers annuels du Réseau des Référents accessibilité des villes inclusives (GT-Ravi) a été accueillie par la Métropole de Lyon, les 12 et 13 juin 2025. La séance de restitution a permis aux participants de présenter les premiers résultats de ces deux jours d’atelier.

Après une 11e session organisée à Lille en mai 2024, les participants de la 12e session des ateliers du Réseau des Référents accessibilité des villes inclusives (GT-Ravi) se sont réunis à Lyon en juin 2025. La trentaine de participants représentant 20 collectivités ont été sélectionnés sur la base de leur contribution sur les 3 sujets des ateliers.

La séance de restitution s’est tenue le vendredi 13 juin 2025 en présence de Fabien BAGNON, Vice-Président délégué à la voirie et aux mobilités actives à la Métropole de Lyon, de Pascal BLANCHARD, Vice-Président délégué aux solidarités, aux personnes âgées et à la politique du handicap à la Métropole de Lyon et de Gaël LE BOURGEOIS, Délégué ministériel à l’accessibilité.

INTRODUCTION 

Fabien BAGNON, Vice-Président délégué à la voirie et aux mobilités actives à la Métropole de Lyon

Homme blanc en chemise blanche dans une salle de conférenceEn ouverture de la 12e session des ateliers du GT-Ravi, Fabien BAGNON a présenté les grandes lignes de la politique métropolitaine en faveur de la marche. Il a notamment souligné le lancement d’un ambitieux plan piéton doté de 25 millions d’euros, destiné à soutenir la réfection et la mise en accessibilité des trottoirs des communes du territoire. Ce plan s’accompagne d’un guide des aménagements piétons, conçu pour clarifier les principes d’un espace public adapté aux usages de la marche : définition du trottoir, dimensions selon les contextes, ou encore traitement des cheminements. Il a également évoqué la difficulté de mesurer la fréquentation piétonne, un enjeu encore peu outillé comparé aux autres modes de déplacement.

Fabien BAGNON a par ailleurs mis en perspective la nécessité de mieux intégrer les mobilités piétonnes dans les politiques publiques, en complément des avancées réalisées sur le réseau express vélo. Il a ainsi exprimé la volonté de développer un réseau piéton structurant dans les années à venir. Le principe du trottoir traversant a aussi été mis en avant comme outil symbolique et concret pour inverser les priorités d’usage de la rue au profit des plus vulnérables. Malgré les tensions persistantes et certains conflits d’usages en milieu urbain dense, il a rappelé que l’apaisement de l’espace public restait une priorité politique forte, déjà porteuse de résultats, avec notamment une baisse de 41 % des accidents corporels enregistrée sur le territoire métropolitain.

Pascal BLANCHARD, Vice-Président délégué aux solidarités, aux personnes âgées et à la politique du handicap à la Métropole de Lyon

Homme blanc en chemise blanche dans une salle de conférencePascal BLANCHARD, président de la Commission Métropolitaine d’Accessibilité (CMA) de la Métropole de Lyon a rappelé que l’inclusion dépasse largement les seules questions techniques et concerne l’ensemble des dimensions de la vie sociale. Il a souligné l’importance de prendre en compte toutes les formes de handicap, notamment le handicap mental, encore trop peu intégré dans les réflexions sur la signalétique et les aménagements. Cette approche globale s’incarne dans la transversalité du travail mené au sein de la Métropole, où les vice-présidents en charge des différentes thématiques président eux-mêmes les groupes de travail consacrés à l’accessibilité.

Pascal BLANCHARD a également annoncé le lancement d’un nouveau groupe de travail en lien avec la CMA, dédié à la culture, au sport et au tourisme, illustrant la volonté de faire de l’accessibilité un levier pour la participation citoyenne dans tous les domaines. Il a partagé plusieurs citations fortes qui traduisent sa vision : « L’accessibilité, ce n’est pas des ascenseurs et des rampes, mais c’est une vision du monde », « Rendre accessible, ce n’est pas adapter, mais changer les façons de concevoir », ou encore « L’accessibilité, ce n’est pas de la politique, mais de la citoyenneté ». Ces propos réaffirment que l’accessibilité est avant tout une transformation culturelle, une exigence démocratique qui engage l’ensemble de la société.

A : Sites patrimoniaux, comment allier accessibilité et préservation du patrimoine ?

Les sites patrimoniaux sont soumis à deux enjeux parfois difficile à satisfaire : la conservation du patrimoine et leur mise en accessibilité. Ils se retrouvent souvent en fin d’Ad’AP et leur mise en accessibilité nécessite des études complexes, le tout impactant le coût et les délais d’intervention. A l’heure actuelle, la recherche de compromis et de solutions alternatives est encouragée pour atteindre les objectifs d’accueil de tous les publics sans interférer avec le caractère unique du site.

Les participants à l’atelier se sont concentrés sur les leviers pour fluidifier les échanges entre les porteurs de projets et les décideurs patrimoniaux. Le livrable initié lors de l’atelier prend la forme d’un guide à destination des acteurs en collectivité, il a vocation à rappeler et à synthétiser les définitions et les démarches tant sur la conservation du patrimoine que sur la mise en accessibilité, il donne également des pistes de bonnes pratiques.

B - Travaux en voirie, conseils de mise en pratique

Qu’ils soient temporaires ou sur un temps long, les travaux sur la voirie impactent les personnes en situation de handicap : modification du cheminement, obstacle bloquant ou portant atteinte à la sécurité, source d’anxiété… Si l’objectif de conserver l’accessibilité en phase travaux est bien intégré, sa réalisation sur site rencontre des difficultés auxquelles les collectivités ont parfois du mal à trouver des solutions.

Les participants sont partis du constat que, lors de travaux, la priorité des aménagements était donnée aux voitures et que le cheminement piéton n’était pas toujours assuré. Ceci peut s’expliquer par plusieurs facteurs : une multiplicité d’acteurs qui ont parfois du mal à communiquer, des éléments contractuels complexes et peu illustrés, un défaut de sensibilisation sur les attentes des usagers en terme d’accessibilité et des supports de communication grand public peu accessibles.

Les participants à l’atelier ont travaillé sur une charte marquant l’engagement commun de mieux prendre en compte l’accessibilité en phase chantier. Cette charte rappellera la réglementation nationale et pour être complétée par le règlement de voirie local ainsi que par des recommandations. Elle sera un outil de concertation qui pourra être intégrée au CCTP et qui liera la collectivité et les entreprises. La charte est conçue autour d’un plan type en trois partie : 1/ Informer, communiquer et concerter, 2/Aller au-delà de la réglementation, 3/ Améliorer et suivre le chantier. Les participants à l’atelier ont proposé des illustrations de bons exemples pour ces trois thématiques.

C - Référentiel de connaissances pour les élus

Les élus locaux ont un rôle déterminant dans le portage de la politique publique et des actions en faveur de l’accessibilité de leur territoire. Les thématiques concernées par l’accessibilité sont nombreuses et techniques, impactant le travail de plus en plus d’élus. Les équipes techniques des collectivités sont amenées à transmettre les connaissances et les pratiques à leurs élus en fonction de leurs besoins.

En partant d’un cadre clair : « quels sont les messages clés à transmettre en deux heures au nouvel élu ? », les participantes ont travaillé sur une carte mentale illustrant les différentes thématiques en lien avec l’accessibilité regroupées autour de quatre actions : accéder et être accueilli, comprendre, se déplacer et participer. 

Le livrable de l’atelier, attendu prochainement, sera composé de fiches pratiques synthétisant par thématique : la définition des enjeux, les politiques publiques en lien, le vocabulaire, les principaux partenaires, les clés d’action, des exemples de bonnes pratiques et des ressources pour aller plus loin. Une première fiche introductive aura pour vocation d’illustrer l’enjeu de mise en accessibilité en rappelant les publics concernés et leurs difficultés, et le cadre législatif et réglementaire.

Clôture de Gaël LE BOURGEOIS, Délégué ministériel à l’accessibilité

Le Délégué a commencé par saluer l’engagement collectif des participants et des participantes au réseau et les 20 collectivités représentées et par rappeler que la réussite des politiques d’accessibilité repose avant tout sur la mise en commun des expertises et sur l’implication à tous les niveaux. Gaël LE BOURGEOIS a clôturé la séance de restitution par identifier deux thèmes récurrents que les présentations ont mis en avant :

  • La nécessité de placer les personnes concernées au cœur des démarches, pour que ce qui est fait en terme d’aménagement, de construction ou d’offre de service réponde aux besoins des personnes handicapées

  • L’importance de la sensibilisation, de la formation et de l’information, pour former les professionnels, et pas seulement ceux en contacts avec le public, mais les architectes, ingénieurs et urbanistes, et pour permettre aux personnes concernés de mieux préparer leur déplacement

Le Délégué est ensuite revenu sur plusieurs points : 

  • L’accessibilité a été affirmée comme un socle fondamental de l’action publique, en particulier pour garantir une meilleure préparation aux déplacements. Des outils comme Acceslibre doivent être encouragés pour faciliter l’autonomie et l’accès à l’information.

  • Il a rappelé que la responsabilité de l’accessibilité est partagée entre tous les acteurs de la chaîne de décision et de conception, et qu’il est essentiel de valoriser les retours d’expérience pour progresser collectivement.

  • Concernant l’accessibilité du patrimoine, il a appelé à conjuguer ambition et bienveillance, en citant l’exemple d’un hôtel particulier à Paris rendu accessible sans compromettre l’intégrité du bâti, démontrant qu’il est possible d’allier accessibilité et respect architectural.

  • Sur le plan réglementaire, il a rappelé que les Ad’AP sont désormais clos depuis l’an dernier. Une circulaire est en cours de signature pour lancer un dispositif de sanctions à l’encontre des établissements recevant du public (ERP) non conformes, dans une logique de renforcement coercitif

  • Il a enfin souligné l’enjeu de la connaissance du patrimoine bâti dans les collectivités : bien connaître son parc, structurer une stratégie d’intervention, et s’appuyer sur des réseaux existants (comme celui des gestionnaires immobiliers des collectivités territoriales animé par le Cerema) est essentiel pour inscrire l’accessibilité dans une démarche durable et coordonnée.

  • Il a encouragé les participants à mieux prendre en compte l’ensemble des handicaps, et en particulier les handicaps cognitifs, encore insuffisamment intégrés dans les politiques locales. Selon lui, « faire accessible, c’est faciliter le confort de tout le monde ».

Enfin, le DMA a rappelé son rôle de Haut Fonctionnaire à l’accessibilité au sein du Ministère de l’aménagement du territoire et de la transition écologique, en lien avec le réseau des hauts fonctionnaires à l’accessibilité, il a également évoqué la dynamique et les actions de coopération interministérielle.